Je vous l'avais promis, le voici l'article sur mon violon :
Au commencement, il y avait Jacques Boquay, un luthier français d'avant la Révolution. Son atelier se situait rue d'Argenteuil à Paris.En 1737 naquit de ses mains ce qui allait devenir mon compagnon de toute une vie, j'ai nommé : mon violon !
Alors qu'il git, démantibulé, dans le grenier d'un château (aux environs de Toulouse), ce violon est cédé en 1947 en guise de salaire au peintre qui participe à la restauration de l'édifice. Ce dernier le vend alors à mon père musicien, pour la somme équivalant à 50 centimes d'euro !
- Tu es musicien, toi Jean, achète moi ce violon !
- Mais je suis pianiste, que veux-tu que je fasse d'un violon ?
- il ira à tes enfants...
Et "les enfants" c'est moi ! A l'âge de dix ans, j'ai enfin atteint la taille requise pour rejoindre cet ami, ce tyran devrais-je dire, de qui j'étais la promise en naissant.
De Toulouse ( orchestre du capitole) à Paris ( le grand conservatoire supérieur) en passant par Cannes ( orchestre de Cannes Provence Côte d'Azur), j'ai côtoyé les grands maîtres comme Christian Ferras pour finir ma course dans notre belle formation symphonique nommée ONPL.
Je souhaitais raconter l'historique du parcours de mon violon afin que mon successeur auprès de lui n'ait pas à déplorer, comme moi, de ne rien savoir concernant son passé.
J'ai expliqué cela sur une feuille blanche glissée dans l'étui de mon violon.
Aujourd'hui, son futur passé est mon présent à moi, et comme il faut un début à tout, j'ouvre le récit de ce violon vieux de... bientôt trois siècles !
J'encourage tous les musiciens à en faire autant : laissez un témoignage écrit de la vie de votre instrument! Donnez-lui la parole pour son éternité.
Et j'ajouterai ma citation favorite :
- On ne fait que passer dans la vie d'un violon... J'espère que le mien se souviendra de moi.