Victoria Abril est espagnole et je reconnais bien dans son tempérament le parfum d'une ambiance qui régnait à la maison, étant moi-même issue de mère madrilène (comme elle) et de père barcelonais.
Sachez, en passant que de tous temps, les Catalans et les Castillans n'ont jamais pu se supporter; cela vous donne une idée du climat explosif généré, à la maison, par cette dissension à la base géographique.
Comment ai-je pu atterrir dans la loge de Victoria Abril ?
Grâce à "Pierre et le loup". Comme Smaïn après elle, Victoria est venue faire le "récitant" dans l'oeuvre de Prokofiev, avec notre orchestre.
J'ai sympathisé avec elle, ce qui n'est pas difficile avec une personne expansive comme Victoria Abril, le temps de cette série de concerts.
Cette photo est particulière : malgré ma grimace, ne trouvez-vous pas une certaine ressemblance entre les deux personnages ? Par quel miracle mes cheveux se sont-ils mis à ressembler à ceux de Victoria, par quelle magie "photographienne" semblerait-il que nous soyions deux soeurs?
Je vous laisse juger.
Sans vouloir tomber dans des considérations météorologiques banales ( on le sait qu'il gèle ! ) , notre journée de travail a été grèvée par le froid.
En effet, la température de la salle de répétition atteignant à peine les 17 degrés , il faut dire que ce n'est pas notre salle habituelle, la séance de travail n'a pu avoir lieu...
Les doigts glacés, les nuques raidies, les pieds en capilotade, nous sommes rentrés chez nous.
La répétition de l'après-midi s'est déroulée à la Cité des congrès, dans notre "cocon" habituel où nous étions comme des poussins en couveuse...
salle inchauffable au plafond démesuré... On se concerte pour savoir si l'on va répéter ou non...
Notre régisseur ramassant les partitions sur les pupitres après la "débandade" des musiciens
Maquette du CHU d'Angers ( pour les proportions, voyez la chapelle ( au fond et au milieu ) et imaginez le "Sacré- coeur" de Montmartre à sa place )
Aujourd'hui a eu lieu un petit concert au CHU d'Angers.
Je m'y suis rendue, bien que ne faisant pas partie des musiciens intervenants, afin de me faire parrainer par mes aînés.
En effet, la formation pour ce genre de prestations est assez pointue et, même si elle découle d'une certaine logique et d'un bon sens évident, il m'a été salutaire de comprendre sur le vif la ligne de conduite à respecter devant des personnes malades.
Deux musiciens de l'orchestre, Michel (violoniste) et Danielle (altiste) ont interprété des arrangements ( pour leur duo) d'airs d'opéras et d'opérettes, de tangos, de chansons rétros... bref, un programme concocté de manière éclectique pour parer à la demande éventuelle et satisfaire tous les goûts, enfin presque :
_ il n'y avait pas de Rap, quel dommage ! ( Mais je blague !)
Tout d'abord ce qui m'a frappée, juste après le stress de la place de parking à trouver, c'est l'immensité de ce VVF ( Village de Vachement Fatigués), une ville entière dans la ville. J'en avais déjà parlé au début de ce blog mais je ne le dirai jamais assez, le CHU d'Angers est démesurément vaste !
Evidemment je me suis perdue, atterrissant en" rhumato" au lieu de "dermato", mais je ne l'ai dit à personne par crainte du ridicule.
Après avoir joué au labyrinthe pendant une demi- heure ( j'avais prévu le coup !) j'ai enfin rejoint mes deux collègues.
Je précise quand même que je n'ai dû mon salut qu'à la "case départ" j'ai nommé l'accueil, où des personnes derrière des guichet de la SNCF m'ont indiqué le rayon de dermatologie de ce grand "supermarché de la maladie" ( je blague encore !).
Mais quel accueil : une chapelle magnifique avec le dôme de St Pierre de Rome et les fresques de la Sixtine, Michelangelo Buonarrotti en moins !
Je vous montre tout ça après le texte...
Le concert a eu lieu dans une salle d'attente en forme de carré.
Une petite dame très gentille et très réjouie de la perspective musicale était déjà installée, en tenue bleu pastel molletonnée descendant jusqu'à son bandage du pied droit.
Notre spectatrice bientôt rejointe par d'autres personnes, qui en fauteuil roulant qui embéquillées jusqu'aux yeux, la salle a commencé à se remplir à la vitesse grand V d'autant que le nombre de chaises était somme toute restreint.
La musique a aussitôt adouci les maux, cela se lisait sur les visages. La petite dame s'est allumée de tous ses feux et les autres ont clignoté aussi, chacun à sa façon.
Michel et Danielle ont accompli des prouesses ! J'avoue que moi-même, rare spécimen non emmailloté par la douleur, j'ai aussi pris plaisir à les écouter .
Après ce mini concert d'une heure, la séance s'est poursuivie dans les chambres:
_Autre ambiance, coeur du sujet, là on rentre dans l'antre de la détresse...
Les personnes qui nous ont accueillies dans l'impersonnalité de leur provisoire demeure, ont mis malgré elles leur empreinte sur ces murs saturés de souffrance au point qu'ils en débordent. La musique semble l'avoir fait reculer un peu.
Des yeux se sont fermés sur un univers sonore réveillant des mondes enfouis, des mains en forme de coeurs extériorisés ont battu des rythmes sur une table pont-enjambant un lit sans rivière, des couleurs sont apparues unanimement sur les murs...
Les âmes des personnes malades s'égayaient cependant que les nôtres s'assombrissaient dans le même temps par la logique des vases communicants.
La chaleur étouffante et l'atmosphère confinée sont venues à bout de nos énergies, lorsque a sonné la fin de la séance.
Nous étions épuisés mais remplis de la certitude qu'il faudrait recommencer au plus vite.
Nous nous sommes quittés comme rassasiés de la nourriture que nous venions de donner et personnellement j'ai développé une nouvelle faim...
Merci Danielle et Michel !
l'intérieur du dôme de la chapelle
même chose ...plus bas
une partie de la fresque ( sous le dôme) encore plus bas...
Danielle et Michel...( par respect je n'ai pas photographié les personnes malades )
Dans un orchestre, le hautbois donne le "la" ( note de référence ) afin de mettre les
musiciens d'accord sur la justesse. Lorsque "parle" le hautbois, tout le monde se tait !
Il est une sorte de chef. ( Je rêve d'un "la" planétaire qui résoudrait tous les conflits...)
Un hautbois est un instrument conique et longiligne fabriqué en bois de grenadille.
A son extrémité une anche double, faite de de deux moitiés de roseaux, permet
d'émettre le son qui sera amplifié par le corps de l'instrument.
Sur sa longueur, un mécanisme de "clés" en métal brillant représente un petit "clavier",
brandebourgs compliqués sur lesquels les doigts experts façonneront les notes
de musique.
Haut-bois : parce que l'instrument est fait de bois et qu'il sonne haut (soprane)
Le hautboïste est un fin bricoleur. Il réalise lui-même les anches dans
lesquelles il soufflera. Pour cela, une panoplie de bricolage spécifique (pince, grattoir,
tournevis, fil, colle, cutteur, mandrin, etc...) le suit en permanence.
Il est le "Mac Giver" de l'orchestre, nous le savons et usons parfois de ses services...
"Haut-boîte-à-outils-te" est le surnom humoristique qu'il aime se donner.
Recette pour fabriquer une anche :
Choisir un roseau méditerranéen, blond, rond et chaud qui sent la garrigue et mémorise
encore le chant des cigales.
Avec l'appareil à couper le roseau en trois ( le petit frère de
celui à couper les cheveux en quatre) appelé " flèche", on obtient trois morceaux de
roseaux longs de dix centimètres environ. On choisit un de ces morceaux que l'on passe
dans la machine suivante : "la gougeuse" servant à raboter l'anche dans son
épaisseur.
La mise en forme s'effectue ensuite avec le "taille-anche" suivi de la "gratteuse", et
enfin de l'indispensable main humaine. Cette dernière affinera au "grattoir " l'extrémité
du roseau pour lui donner sa précision ultime.
Ensuite on plie en deux ce roseau travaillé, on le ligature sur un tube en métal entouré de
liège que l'on place ensuite dans l'embouchure. Et le tour est joué !
C'est facile à dire... L'anche est le poison quotidien de l'hautboïste, le supplice de
Prométhée constamment renouvelé... Jamais stable, si fragile et si sensible aux
variations de températures, elle représente un danger de ratage permanent.
La durée de vie d'une anche est très courte et le résultat de son élaboration est toujours
hasardeux : seulement une anche sur cinq ( en moyenne ) fonctionne !
L'instrumentiste est toujours à la merci d'un accident de son anche par rétractation de la
fibre du roseau à cause du froid, ou de sa dilatation à cause de l'humidité. C'est là
l'origine du "couac" pendant un concert.
L'hautboïste est un anxieux chronique, son mal vous l'aurez compris c'est son anche !
Pauvre petit pâtre condamné à gratter en permanence du roseau, au bord d'une rivière
ondoyante, l'été à l'ombre d'un saule... mais je m'évade !
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J'ai voulu souffler moi aussi dans le hautbois de mon ami Bernard. Approchant
précautionneusement mes lèvres de son précieux instrument, j'ai suivi scrupuleusement
ses conseils, avalé une bouffée d'air et, de toutes mes forces....et....
....de la folie !!!! Rien de rien !...mais absolument RIEN n'est sorti de ce
truc épouvantable !!
_Impression de souffler dans un tuyau bouché...
Voilà pourquoi je rends ici hommage aux si méritants hautboïstes , sans parler de la
magnifique sonorité de leur instrument.
Quelques photos :
Boîte d'anches ( il en faut par avance car le hautboïste est un boulimique du produit en question )
La tailleuse ( mais que fait mon mug "goéland" ici? Merci Delphine ! Avez-vous remarqué le motif ?)
Petit "fourbi" relatif au hautbois ( en vert la gougeuse , à côté de la pince, le grattoir au manche de bois)
Hautboïste en faction...
...après avoir élaboré sa "merveille" durant une heure. ( ci-dessus la "flêche" et aussi mon joli mug !)
La salle est vide, quelques musiciens s'échauffent sur la scène avant l'heure du concert. Les loges prennent vie, les miroirs s'animent. Quelques retardataires traînent encore un peu autour de la machine à café cependant que d'autres ( principalement des garçons) s'activent à s'habiller dans les coulisses, derrière les rideaux.
L'effervescence monte. Les tenues de soirée défilent dans les couloirs, les encombre, on ne voit plus qu'elles : "queue de pie" pour les hommes, robes ou tuniques "noir et bronze" pour les femmes.
Des notes de musique s'élèvent, différents timbres d'instruments se mélangent, emplissant l'atmosphère d'une rituelle cacophonie. On s'essaye, on malaxe le son comme une pâte à modeler dont on se demande ce que l'on va en faire...
La multiplication des talents et des volontés animées par une même envie, celle de donner le meilleur de soi, entraînera un résultat probant : le concert sera beau !
Miroir, mon beau miroir...
Dans la loge...
Trois déclinaisons sur le même thème...
Les deux font la paire... ( de filles voyons ! )
Dans la bonne humeur...
...le sérieux
...la conscience professionnelle
...et l'amour du métier
...et aussi comme un sportif !
Oh oui, je sais, mon blogrank est en chute libre ! Si vous croyez que j'ai le temps d'écrire en ce moment?
Un difficile programme d'orchestre hante nos pupitres : concerto de Prokofiev pour piano, "New era dance" de Kernis
( élève de Bernstein composant aussi "difficile à jouer " que lui, mais à la puissance 10) et enfin la "symphonie du nouveau monde" de Dvorak, sur lequel (nouveau monde) nous nous échouons, rompus.
Soit dit en passant pour ceux qui connaissent cette dernière oeuvre, qu' elle n'a d'américain que le titre, tout le reste étant slave bel et bien, dans ses rythmes et ses thèmes folkloriques. On ne se refait pas .
A cela s'ajoutent les derniers préparatifs pour la sortie de mon livre. La couverture ne sera pas celle que l'on pensait, les illustrations ne seront pas placées aux endroits rêvés, la préface risque l'amputation, la facture grimpe en flèche et doit être élaborée par mes soins. Qu'à cela ne tienne, aujourd'hui tout est gratuit !!
Mon archet est cassé et j'ai dû courir chez son médecin ( le luthier) pour le faire réparer avant samedi et dois courir encore pour le récupérer...
Donc pas de photo aujourd'hui, par manque temps!
Pourtant j'avais fait un film en pensant l'exploiter ici, c'était un beau film, je l'ai encore devant les yeux (c'est d'ailleurs le seul endroit où il se trouve, dans ma mémoire, car j'ai oublié de l'enregistrer avec l'Iphone !)
En voici tout de même un aperçu :
Une pluie de feuilles dorées à l'entrée d'Angers...Il neige des feuilles, les voitures en stationnement revêtent l' habit d'automne, cependant que les arbres se déshabillent !
Tout est jaune d'or, les trottoirs deviennent moquette, nous sommes dans un film de Tim Burton à la féérie morbide et éclatante. Vive les platanes, le vent, la mort des feuilles !
Vive la mort? Est-ce bien logique ? Et pourquoi pas le contraire : "morte la vive ?"
La vive est un poisson de la Méditerranée possédant sur le dos une arrête venimeuse en attente d'un pied innocent. La douleur est fulgurante si vous marchez sur ce petit poisson dissimulé dans le sable exactement sous vos pas...C'est pourquoi mieux vaut la voir morte que vive ! )
Bon avant de m'emmêler les pinceaux, je vous dis au revoir , je ferai fois la prochaine mieux !
Deux journées d'enregistrement ont eu lieu pour l'oeuvre de Hector Berlioz: "Herminie"
Véronique Gens a été merveilleuse !
Un enregistrement requiert une concentration de tous les instants.
Durant la" lumière rouge", plus aucun bruit autre que la musique n'est autorisé. J'ai toussé, éternué, en silence !!
La poussière du plateau m'ayant joué des tours...Mais c' est dans la boite !
Forêt de micros sur le plateau de la Cité des Congrès à Nantes
Aujourd'hui c'est lundi . Savez-vous ce que cela signifie pour les professions artistiques?
R E L A C H E !
Le lundi c'est le "dimanche" du musicien, du comédien, du danseur et de tous les métiers du spectacle.
N'oubliez pas , vous qui lisez ceci , que les dimanches, les jours fériés, les 24 décembre et les 31 décembre nous sommes vos serviteurs, saltimbanques divertissant le public : nous sommes heureux de le faire, même si notre vie semble marcher à l'envers, tête contre les feux de la rampe et pieds en l'air, vers les cintres là-haut...
Dans ce décor de pacotille, nous sommes heureux de reproduire les gestes ancestraux de ceux qui nous ont précédés, de humer cette même poussière de théâtre si caractéristique à tous les" plateaux" ( terme pro qui signifie scène) et qui sans elle ne seraient ce qu'ils sont : des conservatoires de traditions (dont la poussière fait aussi partie).
Pas de photo aujourd'hui, c'est LUNDI !
La journée a démarré dans une ambiance étrange de légère panique : nous étions dans un train déjà bondé , pourtant des gens continuaient à monter... Nous étions entassés comme du bétail, debout dans l'allée, valises aux pieds. A moins de se piétiner il n'était plus plus question de bouger un orteil !
Une femme enceinte a réussi à se frayer un passage jusqu'à un strapontin.
Ma collègue débarque soudain avec son énorme violoncelle sous le bras: enfer et damnation ! Tout le monde prend peur mais personne ne peut décemment chasser ma collègue et encore moins son instrument...
C'est ainsi que nous allons au Mans.
Avec les grèves SNCF, trois TGV se fondent en un : grèves certes, mais aucune perte d'argent n'est de mise !
La prochaine fois on demandera un wagon vide jonché de paille, ce sera plus
confortable !
Levés à six heures, nous continuons l'aventure avec le concert" Pierre et le loup" de
Prokofiev.
Smaïn tient ses promesses : il est génial !
Le public (enfants et parents ) est subjugué ainsi que les musiciens. Nous sommes tous conquis par le talent et la générosité de l'artiste.
Après le repas nous redonnons une autre séance.
Mais le repas... Ah ! Buffet japonais à volonté...Délices arrosés de thé de Senchua...
La photo n'est pas probante mais je vous la poste quand même.
Restaurant " Fuji- buffet à volonté " 13 rue du docteur Leroy, 72000 Le Mans